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Le PEI collectif donne aux demandeurs un sentiment d’appartenance familiale
10 juin 2015
Bon nombre d’anciens élèves qui reçoivent une indemnité pour mauvais traitements dans un pensionnat indien ressentent un besoin de guérison durant le processus et après que leur demande a été réglée. « J’ai encore beaucoup de problèmes. Je continue de voir un thérapeute après mon audience », révèle Dorothy Hornan, ancienne élève du pensionnat Cross Lake de St. Josephs au Manitoba.
« J’ai mal, très mal », déclare une autre ancienne élève, qui ne voulait pas dévoiler son nom. « Je ne serai jamais complètement guérie. Je me battrai contre mes démons jusqu’à la fin de mes jours » déclare la femme, qui a fréquenté le pensionnat indien de Fort Alexander.
Heureusement, les deux femmes se sont trouvées et ont fait cause commune avec huit autres femmes qui ont vécu des expériences dans le groupe Moving Forward de la région de Winnipeg, financé dans le cadre du PEI collectif, une initiative de guérison et de réconciliation administrée par le Secrétariat d’adjudication des pensionnats indiens.
Le groupe Moving Forward s’est formé en 2014 et a reçu un financement de 35 000 $ pour organiser des activités permettant à ses membres de s’acheminer vers la guérison. Leur plan d’activités comprenait un ensemble de séances de thérapie, d’enseignements traditionnels et culturels et de célébrations. Ils ont participé à des séances et à des ateliers sur la santé mentale dirigés par un thérapeute pour prendre de l’assurance et améliorer leur estime de soi. Ils ont également appris ce qu'est un traumatisme, comment reprendre le dessus, faire son deuil et pardonner. Leur plan comportait également un atelier sur la généalogie et une formation sur ordinateur pour qu’ils puissent demeurer en contact par voie électronique après que les activités de groupe seraient terminées.
« Nous avons fait de bonnes choses, des choses qui rendent heureux », explique Anne Thomas Callahan, qui a passé 14 ans dans deux pensionnats, en Saskatchewan et au Manitoba. Ann recevra un doctorat honorifique de l’Université de Regina en juin. « Je crois qu’en étant ensemble, nous sommes devenus une famille ».
Plusieurs activités ont aidé les membres du groupe à redécouvrir leurs racines et leur culture autochtones, qui avaient été réprimées dans les pensionnats. « Toute ma vie, j’ai voulu être française. J’avais honte d’être autochtone », d’avouer Cecelia Marie Pelletier, qui a fréquenté quatre pensionnats différents dans son enfance. « En me joignant à ce groupe, j’ai accepté d’être qui je suis ». Au cours des ateliers sur la généalogie, Cecelia et ses collègues ont appris comment créer des arbres généalogiques et ont pris davantage conscience de ce qui motivait leurs ancêtres ainsi que de la chronologie historique des autochtones canadiens.
Les femmes du groupe Moving Forward ont suivi des cours de couture et de confection de courtepointes où elles ont appris à coudre des courtepointes à motif étoilé. « Nous avons appris à faire toutes ces choses qui font partie de notre culture », explique Mme Saunders, qui a fréquenté le pensionnat Norway House United Church au Manitoba comme étudiante de jour. « Nous essayons de tout récupérer. C’est ce que l’on nous aurait probablement enseigné dans nos familles. »

Afin de mieux renouer avec leur patrimoine autochtone, quelques-unes de ces femmes ont également reçu un nom spirituel au cours d’une cérémonie de suerie.
Les groupes faisant partie du programme sont admissibles à un financement de 3 500 $ par participant et doivent présenter un plan d’activités pour le recevoir. Ils doivent se constituer en société eux-mêmes ou s’associer à un groupe sans but lucratif qui l’est déjà. Tous les membres de groupes retenus pour un financement doivent avoir été admis au PEI et doivent être unis par un lien commun.
Le groupe Moving Forward a collaboré avec Anish Corporation, organisme sans but lucratif offrant des programmes et services axés sur la santé aux anciens élèves des pensionnats indiens. « Les membres du groupe ont pu apprendre, s’auto-évaluer et prendre en charge leur cheminement vers la guérison », explique Deborah Wilde, travailleuse en santé communauté d'Anish Corporation qui a aidé le groupe à se former. « Elles ont également appris à mieux composer avec leurs conflits et leurs traumatismes ».
« Ce qu’il y a de mieux avec ce groupe, c’est que nous apprenons à récupérer notre amour-propre »
-Dorothy Hornan
« Ce qu’il y a de mieux avec ce groupe, c’est que nous apprenons à récupérer notre amour-propre, que nous avions perdu en cours de route », affirme Mme Hornan. « Je croyais que j’étais toute seule et que personne n’avait vécu la même épreuve que moi, car je ne me rendais pas compte qu’il y en avait d’autres comme moi. De savoir que je n’étais pas toute seule et de passer du temps à échanger, à rire et à pleurer avec ces femmes m’a fait du bien et je suis certaine que ça a fait du bien à bon nombre d’entre elles », explique-t-elle. « J’ai rencontré de nombreuses femmes merveilleuses et elles sont devenues ma famille ».

Mme Callahan a le sentiment que le programme a fait du bien, car il a permis aux participants de nouer des relations de confiance dans un environnement sûr. « Nous avons appris à nous connaître. Nous avons appris à nous faire confiance. Peu importe ce que l’autre personne disait, nous la respections », explique Mme Callahan.
« En ce qui me concerne, de faire partie de ce groupe me donne la sensation que je peux avoir une meilleure vie et continuer d’aller de l'avant, sans rester enlisée dans la douleur d’avoir subi de mauvais traitements au pensionnat », déclare Mme Saunders.
Les groupes financés dans le cadre du PEI collectif disposent d’un an pour mener à bien toutes leurs activités.
Même si tout son financement a été utilisé, les femmes du groupe Moving Forward projettent de rester en contact et envisagent d’écrire un livre. « Nous ne voulons pas dire adieu, nous voulons continuer », déclare autre membre du groupe qui a fréquenté le pensionnat Pine Creek. « Nous avons été une famille. Je veux simplement que ça continue, je ne veux pas que ça s’arrête. »
Le financement des nouveaux groupes dans le cadre du PEI collectif pour 2015-2016 sera annoncé cet été. L’appel de propositions pour le financement des groupes de 2016-2017 sera lancé en septembre 2015.